Le panache au féminin !
« Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ? Un serment fait d’un peu plus près, une promesse plus précise, un aveu qui se veut confirmer, un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer... » Monter la pièce d’Edmond Rostand, c’est un peu comme de regoûter encore et encore à quelque chose que l’on aime. En y retrouvant à chaque fois l’incomparable saveur des premières fois. Dans la version qu’en propose la compagnie Théâtre Les Pieds Nus, ce goût de nouveauté passe d’abord par un choix de distribution qui intrigue : sur scène, trois comédiennes se partagent la partition de Cyrano, ainsi que tous les autres rôles. À cela s’ajoute un partipris esthétique surprenant, fruit d’une double influence : celle du théâtre baroque du XVIIe siècle et celle de traditions théâtrales venues d’Orient (le Nô japonais, le Kathakali dansé du Sud de l’Inde…). Maquillages vifs et masques atypiques, costumes colorés, codes de jeu frontal et gestuelle des personnages apparaissent ainsi comme autant d’éléments qui contribuent à la singularité de cette mise en scène. Une manière d’honorer l’oeuvre classique et d’en renouveler les perspectives. Avec panache, évidemment.