Maldonne

La scène s’éclaire lentement. Cinq femmes, debout immobiles, pieds nus, têtes baissées. Longues robes, gaies couleurs, tissus légers, motifs à fleurs. Les premiers mouvements sont étriqués, incertains de l’espace qu’ils sont en droit d’occuper. Ils procurent une sensation suffocante, accentuée par un épais silence que seules les respirations viennent percer ; d’abord isolées, intermittentes, saccadées. Puis les souffles se rencontrent, s’accordent et s’amplifient ; le besoin d’air devient halètement en quintette. Les corps s’élancent, tombent, se relèvent. Les robes changent, volent, tournent, traînent, fouettent. Ça commence – et ce sera sans retour en arrière. Sur des airs de Vivaldi ou de basses électroniques, sur des chansons de Lara Fabian ou de Léonard Cohen, la chorégraphe Leïla Ka habille les fragilités et dévoile les révoltes portées par ses cinq interprètes. Quarante robes plus tard, le tissu des carcans craque de toutes parts et c’est la sueur de l’insoumission qui transparaît. Ne reste plus alors qu’un souffle de liberté recouvrée et la joie de vivre sans ourlet.

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