Hamlet(te)

Le drame se déroulait sans encombre : la routine shakespearienne, ses rouages parfaitement huilés, sa dramaturgie mille fois éprouvée… jusqu’au couac. Coup de théâtre ! Au milieu de la pièce, Ophélie tue accidentellement Hamlet. Dans la panique, deux nouveaux personnages entrent en scène : la dramaturge attitrée de Shakespeare et son assistante. En bonnes “flics du sens”, elles s’indignent : « Regardez-moi ça, cette facilité qu’on a d’assassiner les oeuvres pour être originaux, ce besoin d’être fantasque pour exister ! » Le temps presse, il faut achever la pièce coûte que coûte. Mais comment poursuivre Hamlet sans Hamlet ? That is the question… Derrière son infidélité apparente vis-à-vis du matériau originel, l’adaptation de Clémence Coullon recèle une profonde compréhension du théâtre shakespearien, théâtre de mouvement et de grandiloquence, théâtre “dans le théâtre” – théâtre de troupe, aussi. Avec ses quatorze comédiennes et comédiens issus du Conservatoire de Paris et son décor fastueux, fait d’immenses colonnes et d’un escalier imposant, Hamlet(te) reprend ces codes pour mieux les tordre, en y ajoutant de l’absurde et du burlesque, et trace sa propre route jusqu’au coeur de l’illusion shakespearienne.