Une déclaration d’amour au théâtre et à tous ceux qui n’y vont pas.
Robert et sa femme ont vécu toute leur vie dans le même quartier. Ils ont une maison en location, la même que louait déjà l’arrière-grand-père de Robert. Le dîner, c’est le seul moment de la journée où ils se parlent. Robert n’est pas du genre causant. Alors, au bout de quelques années de vie commune, sa femme lui a dit : « Bon, Robert, écoute, ce qu’on a à se dire, on va le garder pour le dîner, et puis dans la journée, on se parle pas, voilà. » D’ailleurs, ça marche très bien comme ça. Même qu’au moment du repas, tout le quartier passe chez eux ; ça entre, ça sort, ça discute. Un jour, un cousin éloigné, directeur de théâtre, est venu dîner. Un moment tellement invraisemblable qu’il les a lui aussi invités à manger dans la “maison” qu’il dirige. Comme huit personnes sur dix, Robert et sa femme ne sont jamais allés au théâtre de leur vie. Ils découvrent la salle, saluent les spectateurs, s’installent à leur table. Aidés par la surprise, l’émerveillement (et l’excellent vin qu’on leur a servi), ils sont gagnés par l’étrange émotion d’être sur scène devant un public. Leur hospitalité naturelle fait venir au plateau des fantômes de théâtre et la soirée devient une rencontre du visible avec l’invisible. Un pur ravissement de l’entrée jusqu’au dessert. Véritable succès auprès du public du festival off d’Avignon 2024.
